Saturday, February 20, 2016

2016-02-19- Attentes en matière de vidéo de prestation cosplay

C'est un billet d'opinion que je voulais rédiger depuis longtemps. Mon absence partielle (présence a priori que le dimanche, pour le vendredi je n'y étais pas, pour le samedi, j'en sais rien encore...) à Japan Expo Sud me permet de le réaliser: Que doit on attendre en matière de vidéos de prestation cosplay dans des conventions?

La question parait naïve mais à mon avis elle ne l'est pas.

Il va y avoir plusieurs parties:
  • Les attentes techniques.
  • Les attentes morales.
  • Les risques à venir, en partie dus à à la professionnalisation du cosplay et des tentatives de vouloir exploiter le 'filon', pour caricaturer un peu...


Donc, je commence par le plus simple:

Les attentes techniques:

Par attentes techniques, j'entends donc qu'une prestation doit être filmée et réalisée correctement, elle doit donc:
  • Être d'une qualité correcte: d'une résolution minimale: 720p a minima (à mes yeux c'est insuffisant, mais bon, tout le monde n'a pas la chance d'avoir le matériel adéquat), 1080p en standard. Pour la 4k (2160p) c'est clairement non nécessaire à mes yeux et cela ne le sera probablement jamais. Quant à la 2k (1620p), cela pourrait être un plus et pourrait se justifier pour du 40 pouces en moniteur, mais les gens ne sont pas équipés, donc c'est totalement inutile pour l'instant. Il faut aussi que le débit nécessaire soit respecté (5 à 10 mbits/s pour du 1080p - 35 à 50 mbits/s pour de la 4k). Une vidéo entrelacée pour une diffusion sur écran d'ordinateur est aussi à proscrire, mais la c'est plus une question de bonnes pratiques.
  • Être stabilisée, depuis un trépied ou un monopod, la main levée, c'est sympa, mais c'est quand même mieux de ne pas avoir de tremblements.
  • Être filmée depuis un point de vue optimal: de préférence de devant la scène, à peu près au milieu, pas trop loin, histoire de pouvoir y voir quelque chose, pas trop prés histoire de pouvoir avoir tout un groupe sur la vidéo, et le tout sans avoir d’éléments perturbants la vidéo.
  • Ne pas devoir attendre trop longtemps pour avoir le résultat final: Soyons honnête, même si j'arrive à publier toutes les vidéos deux à quatre jours après une convention (selon son importance en fait), en les recoupant et en les ré-encodant, je pense qu'il faut que les vidéos soient accessibles au plus trois mois après la convention, avoir des délais longs, c'est prendre le risque de perdre les vidéos dans un problème de nature informatique...
Je pense que c'est à peu prés tout de ce coté la.

Les attentes morales:

  • Le fait que le cosplayeur(se) puisse faire ce qu'il/elle désire de la vidéo de sa prestation, avec l'accord de la personne ayant filmé, évidemment. Il y a un droit d'auteur sur le cadrage, donc autant le respecter. Le minimum attendu serait le droit de pouvoir publier la vidéo dans un contexte non-commercial.
  • Le respect des droits moraux: la mention du crédit de la ou des personnes sur scène. La mention de la source du cosplay quand c'est possible, la mention de la source de la vidéo (qui a filmé, pour qui, etc.) La mention de la convention est aussi normale à ce niveau la.
  • Le respect du droit à l'image des cosplayeurs: on doit pouvoir mettre hors ligne des vidéos sur demande des personnes concernées, même si leurs droits sont restreints du fait du passage sur scène en public. Il faut voir cela comme une faveur et non comme une application stricte du droit (que le droit ne permettrait pas forcément).
  • Le fait qu'il n'y ait pas de restriction sur la captation photo et vidéo autre que le respect des contraintes de sécurité. A défaut de droits d'auteurs forts, tout le monde devrait pouvoir filmer ou photographier. Je suis conscient qu'on ne peut pas forcément déployer un trépied, mais a minima, les gens accrédités devraient pouvoir le faire. Se pose aussi le problème de la représentativité des personnes non liées à des gros médias dans les conventions, l'accès aux accréditations presses devraient être possible pour ces personnes la, de manière limitée, sous conditions données, de manière à garantir une représentativité. Je suis pour une transparence à ce niveau la et non l'application de passe-droits et ce que l'on pourrait qualifier de magouilles et basses besognes, au moins ce serait clair et ça couperait l'herbe aux rumeurs et aux incompréhensions...
  • Le fait qu'il y ait le moins possible de restrictions sur la publication. Les lois sur la liberté de la presse s'appliquent pour tous, indifféremment de la profession. D'un point de vue éthique, ce n'est pas en interdisant de diffuser que l'on va populariser une activité. Ce n'est pas en tapant sur sa base de fan qu'on va améliorer la situation. J'ai vu des interdictions aberrantes dans le NDA presse de Japan Expo, j'ignore si elles sont toujours d'actualité, mais ce serait bien d'avoir des restrictions acceptables et non du foutage de gueule. Être autorisé à publier 5 minutes d'un concours cosplay d'une ou deux heures? WTF? Sérieusement...?
Les risques à venir, en partie liés à la professionnalisation du cosplay:

De plus en plus de personnes s’intéressent au cosplay, certains et certaines tentent d'en vivre, même si le nombre de personne est relativement faible voire inexistant si on le compare à la masse de visiteurs des conventions en France. On peut classer les personnes en plusieurs catégories:
  • Les cosplayeurs (et cosplayeuses). on voit des ventes de posters et de cartes postales, des dédicaces, mais qui ne sont pas forcément adaptées au public et aux usages français. Les organisateurs et les exposants ne vont pas forcément les inviter ou les rémunérer, vu qu'il y a une offre gratuite existante en parallèle. il y a un article en anglais à ce sujet la sur kotaku. il me semble difficilement possible de faire disparaître le cosplay en tant que loisir pour qu'une relation commerciale puisse se créer. A mon sens, c'est aux conventions et aux stands de mettre des moyens  économiques et d’arrêter de rogner sur l'argent. Si cela attire des personnes, cela devient alors normal d'en rémunérer les acteurs.
  • Les organisateurs de convention et leurs partenaires. Ils ont plusieurs buts mais généralement le cosplay est un moyen d'attirer du monde dans leur convention, la tentation de rentabiliser les coûts associés en cédant une exclusivité à un partenaire quelconque est grande, maintenant, l'organisateur n'a pas vraiment de droits d'auteur du fait de son statut d'organiseur, même en supposant qu'il interdise la captation en interdisant le déploiement de trépied pour raison de sécurité. Il ne pourra s'opposer à la diffusion des vidéos. A mon avis, toute tentative se s'y opposer se soldera par une mauvaise publicité. Même si elle peut s'appuyer sur des contrats entre la convention et les cosplayeurs, elle ne pourra pas d'une part pas outrepasser le droit à l'information et d'autre part une telle close devra être publiée publiquement avant la convention pour avoir une quelconque légalité.
    Finalement, l'exclusivité, par nature, limite la diffusion, donc au final, elle s'oppose à l’intérêt de faire découvrir la convention et le cosplay. Je pense que la rentabilité économique sur les droits de propriété intellectuelle est un leurre, c'est aussi en partie le refus de prendre en compte que cela attire des visiteurs. Je reste persuadé que pour des raisons évidentes de neutralité, une association d'organisation de cosplay ne devrait pas s'occuper de captation vidéo de ce qu'elle organise, car elle entre en concurrence et doublonne la presse. Quand commence et se termine le conflit d'intérêt?
  • Les prestataires techniques de convention. Certaines personnes peuvent tenter de proposer leur service à des conventions, ils sont donc en mesure de proposer des services et peuvent tenter de s'accaparer une exclusivité technique: ainsi ils pourront être les seuls à même de pouvoir filmer la scène de manière correcte, maintenant, ce n'est pas une raison suffisante pour interdire la captation par les autres médias voire le public, pour les raisons précédemment évoquées. On a aussi des partenaires techniques qui interviennent: les ingénieurs sons et les équipes de régie de scène: point de secret ici c'est à la convention de les rémunérer et donc de prévoir un budget pour cela.
Sur les interdictions potentielles, je pense en particulier à l'interdiction de filmer, je pense que l'organisateur a un devoir d'information et de communication en amont du festival, pendant et après le festival. L'organisateur Cosplay a aussi le devoir de transmission de cette information, dans la limite de ses connaissances, mais bon, je pense que ces informations devraient être systématiquement mentionnées dans les règlements des concours cosplay. Dire 'on ne savait pas, on ne veut pas savoir en faisant l'autruche' me parait très limite comme réponse, vu que cela affecte ce que le(la) cosplayeur(se) pourra faire de sa prestation (et que ce dernier signe des papiers avec l'organisateur cosplay, est-ce même légal?). Se cacher derrière une application stricte de vigipirate ou des conditions de sécurité n'est pas non plus une solution.

C'est aux organisateurs d'aménager des espaces protégés et d'autoriser des membres de la communauté Cosplay (photographe ou vidéaste) à y accéder, et ce avec la plus grande transparence possible. je ne dis pas que l'organisateur doit offrir l'entrée à tous les photographes amateurs et de cosplay, mais qu'une solution intermédiaire pourrait être trouvée: il m'est arrivé de payer ma place avec des billets VIP alors que je n'avais que faire des dédicaces associées. Il m'est arrivé de ne pouvoir acheter les tickets m’intéressant car ils étaient très rapidement épuisés. Donc, je ne serai pas opposé en tant que presse à payer mon entrée au prix d'un billet VIP pour une grosse convention surtout si la convention a du mal à estimer mon impact médiatique... Je pense que de toute manière, la balle est dans le camps des conventions de ce point de vue la...